géologie

Un objet geologique

la formation du gouffre d'esparros

Le Gouffre d’Esparros est une formation géologique intimement liée à l’histoire des Pyrénées. Les calcaires déposés dans une mer tropicale il y a environ 100 millions d’années, ont enregistré les transformations minérales et les déformations à l’origine des Pyrénées.

Au quaternaire, les épisodes glaciaires ont sculpté les paysages de surface et organisé le drainage des eaux souterraines dans les roches calcaires, formant ainsi les réseaux karstiques.

Le Gouffre d’Esparros a été creusé il y a plus d’un million d’années par la rivière Neste, à l’époque plus haute en altitude dans les vallées.
La fracturation du massif, par les failles, a permis à la rivière de traverser le karst littéralement de part en part, mettant ainsi en relation le bassin de la Neste avec le bassin de l’Adour. Ce creusement s’est fait pendant plusieurs centaines de milliers d’années, puis le glacier de la vallée d’Aure ayant creusé plus profondément la vallée, la Neste a été détournée de son cours pour couler dans l’actuelle vallée qui porte son nom.

Il y a 240 000 ans, l’eau quitte les galeries et, depuis, les formations cristallines se sont développées et continuent encore aujourd’hui.

Le Gouffre d’Esparros fait partie d’un vaste réseau hydrographique qui le relie aux grottes de Labastide, plus à l’Est, de l’autre côté du Col de Coupe. En effet, en aval du village de Labastide, le ruisseau de Laspugue (« la grotte ») se perd dans une vaste grotte-perte et après un parcours souterrain de plus de 1 900 mètres, ressurgit à Esparros en aval de l’entrée touristique du Gouffre d’Esparros. Le ruisseau prend le nom d’Ayguette (« petite eau »). Cette percée hydrogéologique originale fait communiquer le bassin de la Neste (et donc de la Garonne) avec celui de l’Adour et forme le réseau actif.

En réalité le Gouffre d’Esparros est constitué de deux réseaux différents :

  • Le réseau supérieur qui devrait être le plus ancien, issu de l’entrée naturelle à 630 mètres d’altitude.
  • Le réseau inférieur, 100 mètres plus bas, en communication avec les pertes de Labastide. La grotte préhistorique de Labastide et la galerie d’Aragonite d’Esparros en sont la résultante et ont constitué à un moment, un unique réseau aujourd’hui séparé. Quelques mètres plus bas, le réseau actif actuel, n’est pas pénétrable par l’homme mais il témoigne de la dynamique souterraine.
    Par la suite, du fait des différents épisodes de creusement et soutirage, les deux réseaux vont se connecter pour ne faire plus qu’un.

Relevé 3D réalisé par l’Universite de Toulouse (Professeurs Stephane Bonnet et Yoan Denele). Il propose des vues inédites et permet de situer le Gouffre D’Esparros dans son contexte géographique (il manque la partie supérieure et la rivière souterraine).

Les concrétions

UNE GRANDE VARIETE DE CRISTALLISATIONS

Le Gouffre d’Esparros est un monde souterrain qui recèle une grande variété de cristaux et concrétions composant un véritable jardin de pierre.

La calcite

compose la plupart des concrétions du monde souterrain. Elle se forme par précipitation du carbonate de calcium. Son aspect est souvent celui d’une stalactite, stalagmite, colonne, draperie… Sa couleur varie en lien avec les minéraux présents dans la roche.

L'aragonite

est similaire à la calcite mais avec un système cristallin de forme différente (orthorhombique). Ces cristaux peuvent former des bouquets délicats en aiguilles ou évoquant des coraux. Le Gouffre d’Esparros est remarquable par la quantité et la variété de ses cristaux d’aragonite. Une datation démontre qu’ils se développent depuis au moins 168 000 ans et encore aujourd’hui.

Les excentriques

aux formes étranges, sont nombreux à Esparros. Cette formation est en lien avec les rapports de force, comme la pesanteur qui donne la verticalité, la tension superficielle qui maintient la goutte d’eau, la pression, les impuretés de l’eau, les forces de cristallisation… Ce jeu des forces va créer un développement «excentrique».

Les disques

sont constitués en réalité de deux disques de calcite superposés, entre lesquels l’eau jaillit sous pression. Ce sont des éléments très emblématiques mais aussi très fragiles. Ils sont nombreux à Esparros.

Les fistuleuses

sont la forme la plus simple et la plus courante des concrétions. En forme de tube, elles peuvent atteindre plusieurs mètres de long.

Un peu de science

La formation des concrétions en milieu souterrain

L’eau de pluie ou d’infiltration se charge en gaz carbonique (dioxyde de carbone) en traversant les végétaux et l’humus.

Elle va dissoudre le calcaire des roches qu’elle traverse et, en arrivant au contact de l’air, dans les grottes, la goutte d’eau soumise à l’apesanteur et à d’autres forces va, avant de tomber, déposer du carbonate de calcium (c’est à dire du calcaire dissout par le gaz carbonique), qui compose la calcite et parfois, comme au Gouffre d’Esparros, de l’aragonite.

Les fistuleuses prennent naissance puis les stalactites et stalagmites aux endroits où les gouttes d’eau tombent sur le sol.